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01/03/2015

Note transalpine

Je vois que l'intérêt de mes visiteurs pour la question s'épuise, c'est bien normal, il y a tant de livres à lire. Alors cette fois-ci c'est la dernière, je promets. Juste pour signaler deux articles intéressants et qui ont peu circulé : ce serait dommage de les avoir manqués.

Un article intitulé "Michel Houellebecq, précis de décomposition" dans Grand Genève Magazine, auquel vous n'êtes pas abonné, je le pressens. L'auteur, Marc Alpozzo, approche au plus près le travail de Houellebecq, sans idolâtrie ni détestation. Un avis objectif et argumenté, ça fait du bien. A noter que le "Blog critique et métaphysique" de M. Alpozzo vaut le détour lui aussi.

Et pour ceux qui lisent l'italien, un article paru dans l'Indice, excellent magazine littéraire : "L'autodistruzione di una società" par Andrea Bianchi.

Voilà. Au revoir Monsieur Houellebecq, on se revoit dans trois ou quatre ans, lorsque vous sortirez votre prochain livre. Y travaillez-vous déjà ?

 

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06/02/2015

Un petit dernier ?

J'avais promis dans mon billet précédent de ne plus vous parler de Michel Houellebecq. Or, en regardant les statistiques de fréquentation de ce blog, je m'aperçois qu'il a atteint en janvier des records de consultation : c'est que le sujet vous intéresse !

Je reviens donc sur ma promesse, pour vous proposer un lien vers un intéressant débat intitulé "Houellebecq mérite-t-il son succès ?" entre un journaliste de l'Obs et un autre du Figaro Magazine. Devinez lequel le défend et lequel le pourfend ?

Houellebecq étant assez inclassable politiquement (certains le placent économiquement à droite, socialement à gauche, d'autres le disent moralement à droite, économiquement à gauche…), il est intéressant de constater que ce sont souvent des journalistes de gauche qui l'apprécient et des journalistes de droite qui le détestent…

A lire aussi, un article complet et passionnant sur le site de La Cause Littéraire, intitulé "Soumission, ou le mauvais rêve de Michel Houellebecq" qui explique notamment pourquoi la seconde partie de Soumission n'est pas très vraisemblable : les innovations sociétales mises en place par la "Fraternité Musulmane" se heurteraient à la Constitution française. Il y a là matière à un autre débat littéraire : pour qu'elle soit bonne, et acceptée par le lecteur, la fiction doit être vraisemblable. Serait-ce là le premier défaut que je trouverais au roman de Michel Houellebecq ?

J'y avais aussi noté quelques faiblesses stylistiques surprenantes (répétitions, tournures à la truelle), semblant indiquer que personne chez Flammarion ne relit les manuscrits de MH ? Mais cela fera l'objet d'un autre billet, si ça vous intéresse.

Voilà, j'ai fait ma crise d'honnêteté intellectuelle, je me sens mieux.

 

27/01/2015

Ouf, la critique littéraire reprend ses droits

La sortie de "Soumission" de Michel Houellebecq a été précédée et accompagnée par une polémique artificielle, alimentée par des journalistes politiques et plus largement des médias ravis de l'aubaine, mais qui manifestement n'avaient pas lu le livre. La rumeur selon laquelle le roman serait "islamophobe" a fait trois fois le tour de la planète.

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Heureusement, les vrais critiques littéraires publient maintenant leurs chroniques et l'on parle ENFIN du livre comme d'un roman, et non plus comme d'un essai vaguement zemourien.

Je vous recommande cet excellent article de Mathieu Bock-Côté sur lefigaro.fr. On y lit entre autre un paragraphe qui, selon moi, devrait mettre fin à la polémique : "Mais on ne fera pas l'erreur d'assigner à Houellebecq un programme politique. Il ne lutte pas contre le monde qu'il annonce, non plus qu'il se braque contre lui. Il se contente de le décrire, avec un génie fascinant, celui du grand écrivain."

La chose la plus intelligente à faire reste de lire le livre et de se faire une opinion personnelle. Pour rester dans l'esprit des semaines que nous venons de vivre, je vous livre cette réflexion : la liberté d'expression est un droit pour l'émetteur d'un message, et l'exercice d'un esprit critique devrait être un devoir pour celui qui le reçoit.

Certains d'entre vous doivent se dire "Cinq billets de suite sur Houellebecq, c'est de la monomanie !" J'avoue, j'admets, j'assume : Houellebecq me fascine et les polémiques autour de lui me hérissent. C'est bien avec l'idée présomptueuse de "réparer" que j'ai écrit La Bonne Distance : si vous détestez Houellebecq, lisez-moi et nous en débattrons, si vous le souhaitez, et avec plaisir. En tout cas, c'est promis, la prochaine fois je vous parle d'autre chose.

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13/01/2015

Cher Monsieur Houellebecq, je vous aime toujours

Pas facile de faire une note de lecture sur le dernier roman de Michel Houellebecq, "Soumission" : le livre suscitait la polémique des semaines avant sa sortie, en parler est devenu presque impossible après les attentats de la semaine dernière. Je vais essayer pourtant, parce que j'ai aimé ce livre et parce qu'il n'est pas le brûlot islamophobe que certains décrivent.

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Houellebecq dit avoir voulu écrire une satire, et que la meilleure preuve en est que ses personnages sont gentiment ridicules. Il s'agit pour lui de politique-fiction et rien d'autre. Mais un livre et ses intentions échappent à leur auteur dès qu'il est édité et ce sont les lecteurs qui en font un autre livre, qui en font autant de livres qu'il y a de lecteurs. Marcel Duchamp disait "C'est le regardeur qui fait le tableau.", il en est exactement de même pour la littérature. Voilà une des explications, en sus du goût de la polémique et de la mauvaise foi, aux interprétations étranges qui circulent au sujet du livre.

Heureusement, d'autres voix s'élèvent : Gilles Kepel, politologue spécialiste du monde arabe, dit qu'il s'agit d'un "roman visionnaire" et les critiques littéraires s'emparent à leur tour du livre. Augustin Trappenard insiste sur le fait que "Houellebecq n'est pas Zemmour", que "la littérature est toujours ambivalente" et qu'il faut "faire attention aux contresens". Ouf.

Voir l'entretien avec Antoine de Caunes sur Canal + le 12 janvier dernier et celui avec Patrick Cohen sur France Inter.

Le livre maintenant. Il nous raconte les errances d'un universitaire désenchanté, sur le point de se marginaliser totalement. Le sujet principal n'est pas l'islam, qui est à la fois un élément de contexte et une réponse possible à la solitude du personnage. Le sujet est la perte du désir, au sens large : le désir sexuel persiste encore un peu - et c'est une souffrance supplémentaire - mais presque tous les autres ont disparu. Si tout désir est mort, alors pourquoi faire ceci plutôt que cela, ou pourquoi ne pas faire une chose plutôt que ne pas en faire une autre, qu'est-ce que cela changerait ? 

"Je me demandais à quoi je pourrais bien m'intéresser moi-même si ma sortie de la vie amoureuse se confirmait, je pourrais prendre des cours d'oenologie peut-être ou collectionner les modèles réduits d'avion."

Mais surnage peut-être encore le dernier désir d'un homme à bout de souffle, le "désir désespéré de s'incorporer à un rite"

On retrouve un héros typiquement houellebecquien - au bord de la dépression - et les thèmes chers à l'auteur : le vieillissement, la misère sexuelle… ainsi qu'un style qui existe quoi qu'on en dise : adjectifs et adverbes délicieusement choisis, changements de focale parfaitement au point, humour féroce, ironie douce-amère et goût prononcé pour les descriptions techniques des moteurs de voiture… C'est peut-être cette ironie qui fait du livre un roman "indécidable" et dérangeant, en compliquant la tâche du lecteur qui aimerait connaître la position de Houellebecq quand aux évènements qu'il décrit. "Soumission" évolue en douceur en deux mouvements. Le premier, celui qui m'a paru le plus intéressant, est centré sur l'universitaire et la perte de ses attachements ; le second développe l'aspect politique-fiction, contexte politique qui permet la renaissance du personnage… ou pas… 

Il est temps de laisser le livre parler de lui-même, en vous livrant quelques extraits.

"Un bonheur bourgeois douloureusement inaccessible au célibataire."  -  "Je me sentais aussi politisé qu'une serviette de toilette."  -  "… une conversation entre hommes, cette chose curieuse qui semble toujours hésiter entre la pédérastie et le duel."  -  "Je me tus méthodiquement."  -  "Myriam respirait avec régularité, son souffle accompagnait sur un tempo plus alangui le bruit discret de la percolation."  -  "l'impression de participer à une expérience collective décevante, mais égalitaire, pouvait ouvrir le chemin d'une résignation partielle".  -  "Il me fallait bien un deuxième verre de calvados pour réfléchir à la question. Après réflexion, il me parut même plus prudent de redescendre acheter une bouteille."  -  "Victime d'une crise d'hypoglycémie mystique…"  -  "Devais-je alors mourir ? Cela me paraissait une décision prématurée."

23/09/2014

Les Scriptomanes sont de retour

Les ateliers d'écriture "Les Scriptomanes" reprendront le samedi 25 octobre à la Galerie KD 62 rue Charles III à Nancy.

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Huit samedis sont prévus tout au long de la saison : 25 OCT, 22 NOV, 24 JANV, 28 FEV, 28 MAR, 25 AVR, 23 MAI, 27 JUIN. Les inscriptions sont d'ores et déjà ouvertes.

Qui peut venir ? Tout le monde ayant le désir d'écrire. Qu'est-ce qu'on y fait ? On écrit, on lit, on s'amuse ensemble. Comment ça se passe ? Toujours très bien. Faut-il suivre tout le cycle ? Pas du tout, les séances sont indépendantes et peuvent se consommer à l'unité, pour le plaisir de la découverte. Comment me contacter ? Ici.

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A très bientôt !